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Étude : Le Ciment, un secteur à potentiel en Tunisie

ISIN : TN0007400013 - Ticker : CC
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L'intermédiaire en Bourse, Axis Bourse, vient de publier conjointement avec l'autre filiale du groupe BMCE, à savoir Capital Recherche (Casablanca), une analyse sur le secteur du ciment au Maroc et en Tunisie. Cette analyse juge que le secteur du ciment est un secteur à potentiel en Tunisie.

Un secteur excédentaire 

La genèse de l'industrie cimentière en Tunisie remonte à 1932, avec l'installation de la première usine de ciment (Société des CIMENTS ARTIFICIELS TUNISIENS -C.A.T-) dans la banlieue sud de Tunis, suivie par les CIMENTS DE BIZERTE, en 1953, située dans la région de Bizerte. 

Aujourd'hui, il y a 8 cimenteries dans le pays avec une capacité de production installée en clinker de 10,45 millions de tonnes/an, soit près de 11,7 millions de tonnes de ciment/an. 

Parmi ces 8 entreprises, 3 sont contrôlées par l'État et 5 sont des entreprises privées, appartenant à des Groupes multinationaux tels que COLACEM, CIMPOR, CEMENTOS MOLINS et CEMENTOS PORTLAND VALDERRIVAS.

Capacité de production installée en clinker (Tonne/an) en 2014

Source: Chambre Nationale des Producteurs de Ciment

L'industrie du ciment bénéficie d'une répartition géographique très avantageuse, lui permettant une proximité à la fois des sites de gisements de matières premières et de la demande qu'elle soit sur le marché local ou à l'export. 

Concernant la restructuration du secteur, le Ministère d'Industrie, de l'Énergie et des Mines vient d'arrêter les nouvelles conditions pour l'obtention d'agrément en vue de la création de société spécialisée dans la fabrication du ciment. Cet arrêté prévoit notamment que les cimenteries ne pourront être implantées que dans les régions où sont disponibles les matières premières, et qu'il n'y aura pas de licence pour plus d'une usine pour un même type de ciment dans un même gouvernorat.

De même, le capital minimum pour une société de fabrication de ciment a été fixé à 150 millions de dinars (68,4 millions d'euros), avec une participation tunisienne d'au moins 35% dans le capital, tout en précisant que le marché local sera privilégié pour la vente du ciment produit. 

Une consommation plutôt dynamique  

Depuis 2008, la production de ciment a progressé d'environ 3,5% par an (à l'exception de 2011). Ainsi, les ventes locales ont augmenté en moyenne de 3,8% sur la période 2008-2014 avec un pic de consommation constaté entre 2012-2014 suite au développement des constructions anarchiques survenue après la révolution du Jasmin. L'évolution moyenne des exportations, elle, a été globalement baissière avec un repli de 1,5% sur la période passée sous revue.

En effet, et grâce à l'évolution du secteur de l'immobilier et le développement de l'infrastructure, sur ces dernières années, la consommation nationale de ciment n'a pas cessé de croître. Elle a ainsi atteint en 2014, 7,85 millions de tonnes contre 6,27 millions de tonnes en 2008, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,8%. Cette demande croissante demeure tout de même totalement couverte par la production, qui a progressé sur la même période à un rythme de 3,5%. Toutefois, la consommation locale en 2014 a accusé une baisse de 2,38% se fixant à 7,85 millions de tonnes en raison de la décélération des projets immobiliers privés et des projets publics. 

La plus grosse part de la consommation nationale est essentiellement concentrée dans la région du Grand Tunis, représentant 30,6% du total de la consommation nationale en 2014, et en deuxième position à Sfax à hauteur de 10,1%. 

A fin août 2015, les ventes locales du ciment gris se déprécient de 3,28% à 4,7 millions de tonnes.

La SOCIETE DE CIMENTS D'ENFIDHA - SCE- détient toujours la plus forte part de marché à raison de 20,69% suivie par la société les CIMENTS DE JBEL -OUST CJO avec une PDM de 16,7%. Enfin, CARTHAGE CEMENT parvient à capter une part de marché de 15,3% sur les huit premiers mois de l'année 2015, notamment grâce à la mise en place d'une politique de prix agressive. 

Cette appréciation des ventes constatée depuis 2008 est due essentiellement à la progression du rythme de croissance des crédits immobiliers. 

Les crédits à l'habitat (crédits de logements, y compris l'aménagement des logements, pour les particuliers et les crédités octroyés aux promoteurs immobiliers) se sont accrus, de leur part, en moyenne de 17,7% sur la période 2008-2014 et ont représenté 32,5% du total des crédits octroyés par le système bancaire. 

Rapporté au PIB, les crédits de logement ont représenté à fin 2014, 18% contre une moyenne égale au moins à 50% pour les pays de l'OCDE et allant à plus de 75% aux USA et à plus de 100% au Royaume Uni. 

Des prémices de croissance 

Il existe actuellement en Tunisie une divergence entre offre et demande de logements. En effet, 70% de la population du pays appartient à la classe moyenne tandis que 70% de l'immobilier construit en Tunisie est de l'ordre du haut standing. Il en découle un déficit important en logements sociaux que les Pouvoirs Publiques ambitionnent de combler à travers la mise en place de mesures d'incitatives destinés aux promoteurs immobiliers visant à les encourager à investir dans ce segment. 

Un programme spécifique relatif au logement social, qui démarrera en 2016, devra permettra de construire entre 6 000 et 10 000 logements sociaux par an dans toute la Tunisie au profit des familles nécessiteuses. De même, le secrétaire d'État a indiqué que la nouvelle stratégie de l'AFH (Agence Foncière de l'Habitat) consistera désormais à fournir davantage de lotissements aménagés à prix réduits afin de motiver les promoteurs immobiliers privés et étatiques. C'est dans ce sens qu'un appel d'offres vient d'être lancé pour la construction de 4 650 logements sociaux dans toutes les régions de la Tunisie. Cette mesure devrait contribuer, en outre, à limiter les constructions anarchiques qui représentent actuellement 37% du parc. 

Pour ce qui est des dépenses d'investissement publiques, et dans un contexte macroéconomique post révolution négatif, les gouvernements successifs ont essayé de relancer la croissance à long terme tout en augmentant l'enveloppe allouée aux investissements publics. 

Dépenses d'Investissements Publics ( en millions de dinars)

Toutefois en dépit de ce budget confortable, le taux d'exécution de ce dernier demeure inférieur à 75% et soulève la question de l'efficacité du système de gestion des investissements publics. 

En parallèle, de nombreux projets publics et de Partenariats Publics Privés ont été récemment adoptés lors des conseils ministériels et un mégaprojet à Enfidha, baptisé le «Tunisia Economic City» d'un coût global de 50 millions de dollars (47,11 millions d'euros ) aurait été annoncé. 

De même, il est prévu par les Pouvoirs Publics d'investir un montant de 747,1 millions de dinars (340,8 millions d'euros) pour le développement de l'infrastructure routière, de 64,5 millions de dinars (29,4 millions d'euros) pour la protection de zones urbaines et le littoral et de 165,7 millions de dinars ( 75,6 millions d'euros) pour l'aménagement du territoire et l'habitat.

L'excédent de production de l'industrie, estimé à 4 Millions de tonnes, devrait permettre de couvrir les besoins de ces projets immobiliers et d'infrastructures ainsi que l'export notamment vers l'Algérie dans l'attente de l'accalmie de la situation en Libye. Le prochain achèvement des travaux du quai de la société Les CIMENTS DE BIZERTE, prévue au mois de mars 2016, devrait, à son tour, permettre à ladite société, notamment, d'exporter davantage par voie maritime.

Une concurrence accrue entre les cimentiers 

A l'exception de l'année 2011, le secteur a prouvé sa capacité à s'adapter avec les demandes du marché local et à l'export. Les approvisionnements du marché national, qui constituent une priorité du secteur, ont été satisfaits de façon régulière. 

Toutefois, la situation sécuritaire, la récession économique et les mouvements sociaux ont fortement affecté la production de ciment en 2011 alors que la demande nationale de ciment est restée quasiment au même niveau de 2010, compensée par une demande additionnelle issue des constructions anarchiques. 

La capacité limitée de production de ciment jusqu'à 2011 et 2012 pour satisfaire la demande nationale en progression continue, a contraint l'État à imposer des quotas à l'exportation. En fait « Exporter du ciment, c'est exporter de l'énergie qui est un secteur subventionné par le budget de l'État ».

Jusqu'à fin 2013, le marché était réglementé dans la mesure où les prix de vente sur le marché local sont homologués. Les exportations sont soumises à des quotas et la priorité est donnée à la satisfaction du marché local. 

De plus et à partir du janvier 2014, l'État a décidé de couper les subventions énergétiques (électricité + gaz) et de libéraliser l'industrie du ciment. Signalons à ce niveau que la consommation énergétique annuelle moyenne du secteur cimentier s'élève à 575 000 Tonnes Equivalent Pétrole -TEP- soit un peu plus de 4 millions de barils de pétrole ou 695 millions de dinars (317 millions d'euros). Ce niveau de consommation représente 16,3% des dépenses de compensation pour l'année 2014 et 27,2% des dépenses d'hydrocarbures.

En parallèle, plusieurs facteurs ont incité les cimentiers tunisiens à baisser leur prix de vente, notamment (i) la mise en place par les Pouvoirs Publics d'une politique visant à maîtriser les prix et à améliorer le pouvoir d'achat et (ii) la situation excédentaire du secteur cimentier découlant, entre autre, de la fermeture du marché libyen; Le prix HT s'établissant dorénavant aux alentours de 110 dinars (50,17 euros) pour le CEM 2 et de 122 dinars (55,64 euros) pour le CEM 1. 

Sofiane Hammami (Axis Bourse) 

Publié le 04/01/16 14:35

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