ilboursa arabic version ilboursa

Alaa CHAIBI : Naviguer dans les eaux agitées de l'entrepreneuriat tunisien et mener Birou à la réussite

ISIN : TN0009050014 - Ticker : PX1
La bourse de Tunis Ouvre dans 33h33min

Alaa Chaibi, co-fondateur, avec Imen Boumiza, de la Startup tunisienne en pleine expansion, Biroua mené sa société à la réussite malgré les défis inhérents à l'entrepreneuriat en Tunisie. Avec sa solide expérience dans le secteur de la technologie et de la finance, Alaa a réussi à développer une plateforme révolutionnaire qui aide les entreprises à gérer leurs finances de manière efficace.

Mais comment a-t-il fait pour naviguer dans les eaux agitées de l'entrepreneuriat en Tunisie et poursuivre son rêve de développer une entreprise de premier plan ? Dans cette interview avec ilBoursa, nous explorons les ambitions, les défis et les réalisations d'Alaa Chaibi, un entrepreneur visionnaire qui a su tirer le meilleur de l'économie tunisienne en développant Birou.

Comment décririez-vous votre entreprise et les services qu'elle propose ?

Chez Birou, nous offrons une plateforme de gestion commerciale et d'entreprise plus rapide et facile à comprendre pour les entrepreneurs tunisiens. Elle s'adapte aux besoins du marché local, ce qui n'est pas toujours possible avec des outils internationaux comme QuickBooks. Nous avons centralisé tous les outils nécessaires pour aider les entreprises à s'adapter aux critères de la fiscalité et de la comptabilité tunisienne, tout en permettant une personnalisation pour éviter les blocages. Nous nous concentrons également sur l'analyse de données pour aider les entreprises à améliorer leurs finances en leur offrant des conseils et une assistance rapprochée.

 

Avec quelles entreprises travaillez-vous ?

Notre cible principale c'est les PME et TPE mais cela n'exclut pas les très grandes entreprises cela dépend surtout du type d'activité de ces sociétés et de leurs besoins.  La plupart de nos clients sont dans les secteurs des services, du commerce et de l'audiovisuel, et nous avons aussi beaucoup de travailleurs indépendants, tels que des artisans, des consultants et des avocats.

 

Pouvez-vous nous parler de votre modèle économique ?

Birou est une plateforme SAAS ( Software As A Service) qui génère des revenus mensuels et annuels. L'abonnement coûte 260 dinars hors taxes par an et 26 dinars hors taxes par mois. Nous proposons également des extras pour les modules et les extensions, souvent demandés par les structures ayant plusieurs entreprises.

Ceux-ci sont particulièrement demandés par les entreprises multi-activités. Par exemple, si un entrepreneur a deux entreprises, il peut acheter le premier abonnement pour 260 dinars et en ajouter un autre pour sa deuxième entreprise pour seulement 110 dinars par an. De cette façon, il n'aura qu'à payer un seul abonnement et pourra tout centraliser sur notre plateforme via un seul compte.

Concernant les modules, nos clients peuvent acquérir un module ressources humaines pour la gestion de la paie, un module de gestion de projet, etc. Chaque module a son propre prix et l'utilisateur peut choisir lesquels acheter en fonction de ses besoins. L'abonnement annuel extra entreprise est le plus populaire. C'est là que nous voyons le plus de ventes.

Quels ont été les principaux défis auxquels Birou a été confronté et comment avez-vous surmonté les obstacles auxquels les Startups tunisiennes sont généralement confrontées ?

Je vois les choses différemment. J'ai certainement rencontré des obstacles administratifs en Tunisie comme tout le monde, mais heureusement qu'ils sont surmontables sinon je ne me serais pas attaqué à un marché qui n'aboutirait à rien.

Certes, les obstacles administratifs en Tunisie sont là et ralentissent le travail d'une Startup, mais ce n'est pas un handicap pour notre type de service. Les blocages administratifs en Tunisie ralentissent naturellement la croissance de la Startup, mais ils n'affectent pas notre produit, qui est un logiciel.

Il y a aussi des problèmes techniques. Lorsque nous avons un ERP ou tout autre logiciel de gestion d'entreprise, nous avons un accès API direct à la banque pour extraire les relevés. Mais en Tunisie, on ne peut obtenir que des relevés au format PDF ou Excel, ce qui ne nous permet pas d'effectuer instantanément une synchronisation entre un compte Birou et une banque.

Quand nous allons passer à l'international, nous ferons face à des concurrents avec de nombreuses fonctionnalités que nous ne pourrons pas créer pendant que nous sommes en Tunisie simplement parce que les banques refusent de le faire.

Concernant l'administration, il n'y a pas de blocage sur nos logiciels mais plutôt des barrières à l'investissement, qui sont liées à la banque centrale. Il y a aussi des problèmes avec la société Monétique. Aujourd'hui, chaque utilisateur doit se reconnecter à Birou pour payer son abonnement à la fin de chaque mois, alors qu'à l'international, une fois les informations de la carte bancaire saisies pour un abonnement, les transactions se font automatiquement. En d'autres termes, l'utilisateur n'a pas à répéter le processus tous les mois. Ce manque de services d'abonnement bloque beaucoup de monde.

 

Comment Birou se différencie-t-il de ses concurrents ?

Chez Birou, nous nous différencions sur plusieurs aspects. Tout d'abord, nous nous concentrons sur la facilité d'utilisation de notre plateforme pour nos utilisateurs. Nous sommes fiers de dire que notre plateforme est accessible à un large public de tous les âges. En effet, nous offrons une formation de 15 minutes (démo) qui permet à nos utilisateurs de naviguer facilement sur la plateforme.

 Nous proposons une information claire et accessible pour permettre à nos utilisateurs de consulter leur bénéfice net, le montant disponible sur leur compte bancaire et de voir rapidement où vont la plupart de leurs dépenses.

Notre tableau de bord aide énormément les entrepreneurs avec des chiffres clés pertinents et des prévisions financières développées. Ce qui permettra à nos utilisateurs de consulter leur bénéfice net, le montant disponible sur leur compte bancaire et de voir rapidement où vont la plupart de leurs dépenses.

En ce qui concerne le volet technique, nous sommes fiers de dire que nous avons une Open API qui n'existe pas encore en Tunisie. Cet outil permet à nos utilisateurs d'accéder à leur compte Birou à partir d'une autre plateforme sans même être connecté à Birou. Par exemple, chaque transaction effectuée sur la plateforme Flouci génère automatiquement une facture sur Birou. La tierce partie préfère garder cette information non publique. Ce processus est rendu possible grâce à notre Open API.

Enfin, nous nous différencions également grâce à nos intégrations tierces. Nous proposons des outils nationaux et internationaux directement intégrés sur notre plateforme. De plus, nous avons intégré Woo-commerce et Prestashop, qui sont les outils les plus utilisés dans le commerce électronique. Cela permet à tout propriétaire de boutique en ligne de centraliser leurs comptes et leur stock sur Birou. Lorsqu'un utilisateur passe une commande sur un site, la facture est générée directement et les modifications nécessaires sont apportées au niveau du stock.

 

Pouvez-vous nous parler de votre collaboration avec le secteur public tunisien ?

Nous avons eu des discussions avec l'ANETI pour la formation de leurs adhérents afin qu'ils puissent utiliser notre plateforme plus facilement et bénéficier de promotions spéciales. Nous voulons encourager l'utilisation de notre plateforme et faire un suivi des dépenses des utilisateurs.

 

De quelle manière utilisez-vous les données récoltées pour améliorer vos services et prendre des décisions stratégiques ?

Nous utilisons les données de manière efficace pour améliorer nos services et prendre des décisions stratégiques. Nous ne nous limitons pas à la simple collecte de données, nous recueillons également les avis de nos utilisateurs de manière très proche. Chaque utilisateur bénéficie d'une assistance rapprochée pour écouter ses besoins afin d'adapter continuellement la plateforme en fonction de ces derniers. Par exemple, si un industriel nous contacte pour ajouter la taxe FODEC, nous répondons à sa demande sans frais supplémentaires.

 

Quelle est la nature de ces données récoltées ?

La data que nous récoltons est évolutive et concerne la manière dont l'utilisateur facture ses services. Nous devons comprendre que la plupart des utilisateurs collectent des informations tout au long de la journée pour effectuer leur facturation, ce qui peut entraîner des problèmes comptables en comparaison avec le système international. Les factures manquent parfois d'instantanéité et ne sont pas conformes aux normes occidentales.

Ces données sont également transmises à tous les indicateurs de notre entreprise, tels que le chiffre d'affaires, les salaires et le total par client, sans pour autant divulguer les détails des factures. Ceux-ci restent strictement confidentiels et accessibles uniquement par l'utilisateur du compte.

 

Comment utilisez-vous les données collectées pour prendre des décisions stratégiques ?

Nous utilisons une approche basée sur l'intelligence artificielle pour effectuer des comparaisons avec d'autres entreprises du même secteur dans le monde, afin de déterminer les meilleures pratiques et d'éviter les échecs. Nous pouvons également tenir compte des obstacles fiscaux couramment rencontrés par les entrepreneurs.

 

Quels sont vos objectifs pour l'avenir et comment comptez-vous poursuivre l'innovation dans votre secteur ?

En ce moment, nous sommes en train de préparer un événement très important qui aura lieu en Égypte les 10 et 11 février. Nous avons organisé plusieurs réunions avec des investisseurs internationaux pour étendre notre présence en Égypte sous forme de filiale, et nous prévoyons également d'entrer sur les marchés nigérien et ivoirien.

Nous avons des projets pour étendre notre portée encore plus loin en établissant notre siège en Europe ou dans des pays du Golfe tels que l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Cependant, pour les économies du Moyen-Orient, les coûts de l'expansion sont très élevés.

Notre plan pour 2023 se concentre sur l'expansion. Notre présence à l'international dépendra des conditions du marché et des règles comptables en vigueur dans chaque pays. Nous devons toujours nous adapter à ces normes pour proposer nos services. Sur le plan technique, nous avons déjà prouvé notre capacité à adapter les règles comptables à nos services en moins de 72 heures, mais nous devons toujours nous faire accompagner par des experts-comptables et des conseillers pour nous assurer de respecter les normes.

 

Et quelles sont vos ambitions en termes de levée de fonds à court terme ?

Il n'est pas exclu, même si ce n'est pas une priorité pour l'instant. À l'heure actuelle, Birou génère suffisamment de revenus pour couvrir ses dépenses et investir dans l'avenir. Dès le début, moi et la co-fondatrice de Birou, nous avons décidé que notre ambition ne se basait pas uniquement sur les levées de fonds ou sur le nombre d'employés. Nous avons suivi une logique de développement continu qui ne peut pas être influencée par les levées de fonds. Nous prenons le temps de comprendre nos consommateurs et de gérer correctement notre plateforme pour être en mesure de nous adapter en permanence.

Propos recueillis par Mariem Ben Yahia

Publié le 02/02/23 11:16

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

UomCPlxjrhh6MpbTPyaBAro35ii9aoExct0m0_kioDY False